L'ourson

 

Il était une fois en Suède, il n'y a pas si longtemps, une jeune femme se nommant Kayla.

Son employeur l'avait envoyée pour 12 mois en Laponie, pour faire une étude sur l'environnement. Cette étude devait regrouper plusieurs données (l'air, les animaux présents ou non...)

Kayla était contente, car elle avait envie de changer d'air. De plus, elle reprenait une étude déjà existante. La femme allait réutiliser les petites boîtes situées au niveau du tronc de certains arbres. Ces boîtes ressemblaient à des boîtes aux lettres. Elles servaient à se repérer dans la forêt et à collecter des données.

 

Lars était un jeune Sami (lapon) qui vivait depuis sa naissance dans cette région. Même s'il faisait froid il aimait cet endroit. Il était simple et se satisfaisait de cela.

Un jour, alors qu'il faisait sa balade habituelle en motoneige, il rencontra cette femme, à moitié enfoncée dans la neige, en train de regarder dans une boîte aux lettres, avec un crayon et un papier à la main. Kayla était complètement emmitouflée dans sa combinaison et sous son bonnet. Elle leva la tête, il s'arrêta, elle lui sourit et lui expliqua ce qu'elle faisait. Lars lui rendit son sourire et commença une conversation. Petit à petit ils se rapprochèrent. Quelques jours passèrent, ils s'embrassèrent. Après quelques semaines, ils s'aimèrent.

 

Lars était content d'avoir "une amie". Il était un peu perturbé par le fait qu'il s'attachait à elle.

Kayla était heureuse car elle n'était avec lui pas QUE pour un besoin physique, elle le trouvait simple et surprenant à la fois.

 

Bref, après quelques semaines et de nombreuses discussions, ils s'installèrent ensemble. Kayla savait que dans moins d'un an son étude allez être finie donc elle donnerait sa démission.

Depuis longtemps, Lars avait dans l'idée de faire une sorte de maison d'hôtes en Laponie.

La décision était prise, ils feront cette maison d'hôtes ensemble!

 

Mais pour l'instant, l'homme vivait de petits boulots et la femme de son étude en cours.

Quelquefois il l'accompagnait de boîtes en lettres en boîtes aux lettres. Elle était derrière lui sur la motoneige, une main accrochée à la machine, une autre sur la poitrine de son amoureux. Kayla ne sentait pas battre le coeur de Lars mais elle le devinait. Malgré son mp3 dans les oreilles, l'homme ressentait un voile d'émotions s'enrouler au niveau de son corps, tantôt le voile tourbillonnait vers le bas, tantôt vers le haut. C'était une sensation très agréable.

 

 

Un jour quelconque, Kayla, comme à son habitude, alla voir dans une boîte aux lettres, après une dizaine de pas dans la neige, elle s'arrêta pour reprendre son souffle. En effet, c'était fatigant car sous ses pas la neige cédait et elle s'enfonçait jusqu'à la taille. Elle arriva enfin devant la boîte.

Pendant ce temps, Lars a eu une envie présente. Il descendit de la moto, toujours avec la musique dans les oreilles, se soulagea. Il était dos à Kayla, qui était à une quinzaine de mètres de lui. Lars sentit une vibration, il se retourna sur sa gauche, et vit un ourson courir et se jeter sur la motoneige. En fait l'ourson se jetait sur le sac qui était sur la motoneige.

Lars fut tellement surpris qu'il cria. Derrière l'ourson, il y avait la maman ours d'un pas mollasson qui regarda l'homme en grognant et en montrant ses crocs.

Lars tomba dans les pommes, pris par le trop-plein d'émotions. Il se le reprocha plus tard, pour lui il s'était comporté comme un lâche. Dans tous les cas, pas comme il estimait être un homme. Il ne pensait pas que le fait de ne pas bouger, l'avait transformé en quelque chose d'inintéressant pour l'ourson. Comme s'il était devenu, un bout de bois.

 

Quand Kayla entendit le cri, elle leva la tête. Elle vit l'ourson grignotant son sac et la maman ours en train de grogner sur Lars tout pâle, la femme le vit tomber. Elle courut, essaya de sortir son couteau en même temps, mais elle prit du temps car elle tombait sans cesse dans la neige et avait du mal à se relever. Elle se précipita, pour protéger son amoureux qui était à terre. Avec sa lame, ses cris et ses hurlements, elle fit face à l'ourse. Kayla n'arrêtait pas de hurler pour ne pas penser. L'animal, la regarda interrogateur. La femme se reprocha plus tard de ne pas avoir réfléchi avant d'agir. Kayla avait eu un éclair de lucidité quand elle compara sa lame de couteau à la patte de l'ourse.

La patte était aussi grosse que sa propre tête. Une seule claque de l'animal l'aurait décapitée!

 

L'ourson était dans les pattes de sa mère. L'ourse avait arrêté de grogner et regardait cette femme en train de gesticuler et de hurler. D'un air passif, l'animal marchait tranquillement en passant à droite de la motoneige, tandis que l'ourson courait rapidement avec son air curieux devant sa mère. Il se léchait les babines car il avait mangé une barre de céréales qui était dans le sac de Kayla!

 

Après cet incident, le couple s'étiolait, l'amour commençait à ne plus être présent. Ils ne se parlaient plus. L'homme avait trouvé son comportement lâche, il en avait honte. En plus, Kayla avait agi courageusement comme il aurait aimé agir lui-même. Il n'acceptait pas d'avoir été "sauver" par une femme. Il devenait grognon, distant et agressif envers elle.

 

La femme, quant à elle, n'en voulait pas du tout à Lars, elle avait accepté sa réaction. Cependant, Kayla s'en voulait à elle-même d'avoir agi sans réfléchir, sur un coup de tête. Elle avait mis en jeu sa vie et celle de Lars.

 

Le couple battait sérieusement de l'aile, quand un jour ils se retrouvèrent au même endroit où l'incident avait eu lieu. Ils se regardèrent, se sourirent. Kayla les larmes aux yeux lui dit:

 

"- ce qui c'est passé, c'est du passé, j'accepte ta réaction, accepte-la toi aussi.

Je ne veux pas me séparer de toi car je t'aime."

 

Lars s'approcha de Kayla et l'embrassa tendrement et longuement. Enfin, Lars ressentit ce voile d'émotions, qu'il aimait tant, s'enrouler au niveau de son corps. Enfin, le couple comprit la morale de cette rencontre avec l'ourson et sa mère.

 

Acceptons les autres comme ils sont,

et SURTOUT

acceptons NOUS comme NOUS sommes.

 

 

 

jcm, annoté sur le site le 19 juin 2012